Coeur hivernal : 21 décembre 2020 - 10 février 2021
1ère décade : 21/12 -31/12
La même configuration synoptique persiste du Proche-Atlantique à l'Europe, la proximité des hautes pressions subtropicales assurant la douceur sur la région, mais dans une ambiance bien grise ! Brusque changement quand une nouvelle "vallée froide" s'organise du Groënland à la Méditerranée dès le 24/12. Ainsi le système dépressionnaire "pilote" l'air relativement froid de Mer du Nord dans un flux de nord-ouest dynamique. Donc, la moyenne montagne reçoit un timide décor de Noël au seuil de 700-800 m d'altitude (voir rubrique "événements"). Ensuite le 27/12, l'instabilité monte d'un cran avec la tempête "Bella". L'association forçage convectif et orographique engendre de forts cumuls de neige en 36 heures sur le Massif Central, de 20 à 80 cm étagés de 800 à 1800 m d'altitude. Le phénomène s'étend sur la région, comme en témoigne le Larzac, notre "marqueur climatique". En effet la couche de neige atteint les 20-30 cm sur la partie méridionale, mieux exposée au système dépressionnaire par vent vent de sud. Tout juste si le contexte du réchauffement climatique se ressent discrètement sur ce type de temps, puisque les vallées caussenardes sont exemptes de neige. Toutefois, cet épisode de nord-ouest froid et humide n'enlève rien à la plus forte "surchauffe" planétaire qui caractérise l'année 2020.
2ème décade : 01/01 - 10/01/2021
La froidure s'accentue en raison d'une apophyse de l'anticyclone des Açores vers l'Islande, responsable d'une "coulée froide" qui déboule de Scandinavie. En conséquence, un creusement dépressionnaire sur le golfe de Gênes génère un "retour d'Est" peu dynamique, comme le démontre les faibles chutes de neige d'un large quart sud-est, saupoudrant discrètement quelques secteurs de l'Occitanie, un peu plus marquées côté provençal, épargnant encore les Grands Causses, tout juste un saupoudrage furtif dans la nuit du 04-05/01 signalé dans la vallée de la Sorgue. Par contre, l'effet radiatif exercé sur la masse d'air froid et humide favorise l'accentuation du gel nocturne. Les "pièges à froid" de la région franchissent le seuil sévère des -10°, devenant plus rare depuis la décennie 1990. La tempête de neige exceptionnelle qui impacte l'intérieur de l'Espagne les 09-10/01 ne donne que des"scories" sur le littoral méditerranéen français. La grisaille froide persiste sur la région, consolidant la couverture neigeuse au-dessus de 800 mètres.
3ème décade : 11/01 - 20/01
Le "pic" de cette vague de froid modérée est atteint le lundi 11/01, quand les minima inférieurs à -10° se généralisent, ainsi que l'apparition d'une journée sans dégel. Néanmoins cet épisode de 15 jours est nettement moins intense que la vague de froid de février 2012. Seule consolation, le ciel bleu pour clôturer cette période un peu rude, brève transition avant le rétablissement du flux atlantique et ses "cortèges nuageux" dès le 12/01, faibles chutes de neige précédant des pluies sporadiques, plus marquées sur les Mons de Lacaune. Une dorsale anticyclonique protège la région, tandis qu'un fort contraste thermique génère des chutes de neige persistantes sur un large quart nord-est. Dans ces conditions, les Grands Causses se trouvent encore une fois en marge des rigueurs hivernales. On a même droit à un beau soleil les 18-19/01 pour concrétiser cet bref intermède de douceur. Mais déjà un fort vent du Midi le 20/01 annonciateur d'une prochaine dégradation du temps.
4ème décade : 21/01 - 31/01
Un courant océanique actif reprend ses droits, concrétisé par son défilé de perturbations et le retour de pluies modérées, sous forme de neige sur l'Aubrac et l'Aigoual dès le 22/01, avec tempête de nord-ouest sur ce sommet exposé à un vent moyen supérieur à 100 km/h durant la nuit, accompagné d'une brève froidure. En fait, nous demeurons dans la tendance globale des grandes ondulations du courant d'altitude ( niveau 5500 m), qui se traduit par une circulation méridienne, responsable de contrastes météorologiques remarquables, tels ces flux de nord-ouest pluvio-neigeux alternant avec des redoux de sud-ouest, rythmés par les séquences venteuses et les "calmes" trop brefs. Ces contrastes sont atténués sur les Grands Causses, car les ondulations anticycloniques des Açores prolongent les phases de redoux, et repoussent la contrainte neigeuse globalement au seuil de 900-1000 m d'altitude. Seule demeure cette ambiance morose sous une grisaille persistante, à peine interrompue par de brèves apparitions de l'astre solaire. Néanmoins, dès le 27/01 le courant d'ouest reprend de la vigueur, la masse d'air subtropical apporte douceur, grisaille et instabilité. Les précipitations pratiquement journalières saturent les sols et le débit des rivières augmente, surtout sur les bassins-versants du Lot et de l'Aveyron.
5ème décade : 01/02 - 10/02
La configuration globale se prolonge, avec des contrastes marqués dans l'activité du flux atlantique, par exemple la forte instabilité du 01/02 associée à la tempête "Justine", suivie du calme printanier le 02/02, qui pourrait "sonner le glas" de l'hiver ! ( voir dicton de la "Chandeleur"). Mais ce n'est qu'approximatif, car le froid polaire continental déborde sur le nord de la France, la douceur se cantonnant vers le littoral méditerranéen. En fait il s'agit d'une poussée du vortex polaire, responsable d'une circulation méridienne, comme en témoignent ces retombées de sable du Sahara par puissant flux de sud en altitude le 06/02, et même une instabilité orageuse en soirée. Une nouvelle ondulation du courant atlantique se traduit par un flux d'air humide de sud-ouest, sa confrontation au flux glacial de nord-est, suffisamment épais sur le nord de la France, se traduit par des chutes de neige le 09/02, notamment sur la Bretagne. Or la région des Grands Causses, située dans l'angle mort d'un flux de sud-est au niveau du sol, se trouve une nouvelle fois épargnée par les frimas hivernaux. La "coulée arctique" se concentre vers l'Europe centrale et l'affrontement entre air océanique et air glacial se positionne de la Bretagne aux Alpes du Nord, marquée par un contraste supérieur à 20° entre la Lorraine et le Languedoc.
Hiver printanier : 11 février - 31 mars 2021
1ère décade : 11/02 - 20/02
La vague de froid, remarquable en Europe continentale, présente un impact modéré sur l'Hexagone. C'est la première à mémoriser depuis février 2012, néanmoins elle est plus "légère": plus courte, moins intense et moins étendue ( minima souvent inférieurs à -15° sur les Grands Causses ; canal du Midi gelé en Languedoc cette année-là ! ). La médiatisation introduit un "effet de loupe" sur les événements, seule l'étendue des pluies verglaçantes se révèle une contrainte sérieuse, tandis que la région demeure sous l'influence de l'air doux océanique. Dès le 15/02, l'air glacial arctique se décale vers l'Europe de l'Est, ainsi un puissant anticyclone bloque le courant océanique et permet l'installation durable d'un flux de Sud. S'ensuit une brusque remontée des températures sur la France, à peine sensible sur les Grands Causses, car les entrées maritimes du golfe du Lion nous donnent un dégradé habituel avec pluie ou bruine sur Aigoual et Espinouse, jusquà l'ensoleillement généreux aux limites du Lot et du Cantal. Finalement, durant cette décade, c'est dans notre région que les contrastes climatiques sont les plus faibles, avec prédominance d'air doux et humide, seul le mercredi 17/02 se révèle printanier !!
Vague de froid 08/02-14/02 - Orléans : minima de -8° à -12° ; sans dégel en journée. -Millau : minima de +3° à -3° ; maxima de +6° à +11°.
Flux de sud 15/02-20/02 -Orléans : minima de +2° à +7° ; maxima de +5° à +9°. -Millau : minima de +9° à +14° ; maxima de +15° à +19°.
2ème décade : 21/02 - 28/02
Le blocage se traduit par un banal épisode méditerranéen qui se limite aux crêtes cévenoles. Seules des entrées maritimes compactes maintiennent une ambiance humide et relativement fraîche avec un vent du Midi soutenu. Ce n'est que le 24/02 que le soleil apporte la douceur printanière déjà installée depuis le 17/02 sur une grande partie de l'Hexagone, avec des températures dignes d'un mois d'avril. Enfin le beau temps daigne nous gratifier d'un ensoleillement plus généreux, mais ce n'est qu'une transition éphémère ! En atteste une diminution de 30% environ de la luminosité observée en février sur la station de Millau-Soulobres.
3ème décade : 01/03 - 10/03
La configuration synoptique conserve la même tendance, celle d'un hiver printanier marqué par la prédominance anticyclonique européenne. Donc toute la zone influencée par la spécificité du golfe du Lion se distingue par sa singularité. Les entrées maritimes persistantes depuis une quinzaine de jours débordent à nouveau sur la région des Grands Causses dès le 02/03, concrétisées par le retour de la grisaille et des températures relativement fraîches par rapport au reste de l'Occitanie. Des après-midi un peu plus ensoleillés du 04/03 au 06/03 avant un épisode cévenol peu actif, donnant de fortes averses sporadiques, localisées sur le Sud-Aveyron le 07/03. Ensuite un anticyclone britannique pilote un flux d'air plus frais qui n'atteint pas notre région, concrétisé par un bel ensoleillement accompagné d'un petit vent frais de nord-ouest.
4ème décade : 11/03 - 20/03
Un jet-stream plus dynamique se traduit par un flux d'ouest-nord-ouest plus actif. L'air polaire devient prédominant dans la circulation globale, ce qui favorise une plus forte instabilité atmosphérique. Le temps à giboulées, typique de mars, apporte un dégradé classique sur les Grands Causses, marqué par le blanchissement neigeux au seuil de 800 mètres d'altitude, notamment sur le Lévézou, réapparition d'une ambiance hivernale sur l'Aubrac. Les éclaircies sont plus généreuses sur le Sud-Aveyron, au prix d'un vent de nord-ouest tenace, qui procure un ressenti bien frais jusqu'en fin de période. La neige s'invite même furtivement le 19/03 sur les Avants-Causses, jusqu'en fond de vallées, suivie de faibles gelées matinales le 20/03. Nous sommes légèrement au-dessus des normes climatiques connues avant les années 1990.
5ème décade : 21/03 - 31/03
Le vent de nord-ouest souffle encore jusqu'au 22/03 (durée remarquable de 11 jours consécutifs), puis une apophyse de l'anticyclone des Açores se concrétise par un beau temps printanier. On retrouve donc un ralentissement du courant d'altitude favorable à une lente succession de cellules anticycloniques. Le flux s'oriente au secteur sud sur leur flanc occidental, d'où la chaleur sur l'Hexagone, excepté la zone ouverte au marin issu du golfe du Lion, qui connaît une fraîcheur relative. Les Grands Causses participent tout de même à une période de beau temps printanier, mais qui n'est pas aussi sensible que dans l'ensemble de la France.
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