Phénomènes météo remarquables
Les valeurs extrêmes mentionnées sur le tableau ci-dessus représentent des records ponctuels qui reflètent la réalité climatique sur une grande partie des Avants-Causses, tous ces plateaux ventilés exemptés le plus souvent des inversions thermiques nocturnes en saison froide ou des concentrations de chaleur en période estivale. Se profile déjà une idée des vagues de froid et des vagues de chaleur analysées de manière synthétique dans la suite de cette rubrique. L'observation des dates montre encore une fois l'accentuation du réchauffement climatique après 1987.
Rappel d'événements historiques (voir "Excès climatiques ..." pour informations plus complètes)
Vague de froid : février 1956
La plus forte magnitude connue en Europe, comparable aux événements de ce style qui jalonnent le "petit âge glaciaire". Seul décembre 1879 dépasse une telle intensité (annales météorologiques de Paris), sans certitude sur les Grands Causses. Un froid sec qui se traduit par des minima extrêmes, comme -28° à l'Aigoual au moment des advections sibériennes, au-dessous de -30° dans des "pièges à froid" par intense rayonnement nocturne (-32° à Saint-Chély-d'Apcher). Et même un minimum de -25° évoqué à Roquefort ! Par comparaison, les dernières vagues de froid intenses de janvier 1985 et janvier 1987 ne franchissent que très localement le seuil de -20°. La neige tombe en abondance sur le bassin méditerranéen, jusqu'à Barcelone, Naples, et même en Algérie. L'Angleterre est terriblement affectée par une véritable ambiance polaire, souvent -25° et d'énormes congères. Partout des fleuves gelés, un début de banquise auprès de certains ports atlantiques Finalement, notre région caussenarde semble toujours demeurer dans une logique de privilèges climatiques, simplement quelques faibles chutes de neige sèche qui s'infiltre sous les tuilées !
Ci-dessus la configuration synoptique au niveau 500 hPa correspond à la 2ème vague de froid, la plus intense sur l'ensemble de la France. Le blocage exceptionnel du flux océanique par la puissance de la cellule anticyclonique islandaise permet l'advection brutale de l'air arctique vers le bassin méditerranéen. Ce cheminement provoque un fort creusement dépressionnaire sur le golfe de Gênes, jouant le rôle "d'aspirateur" de l'air glacial qui déboule à grande vitesse le long de la vallée du Rhône, d'où ces violentes tempêtes de neige sur le littoral provençal, alors que la région caussenarde se trouve essentiellement impacté par le froid sec, à l'écart du "mistral noir" !
Le grand hiver 1962-63
Du 15 novembre au 3 mars, la situation synoptique qui concerne l'Europe ne laisse que peu de répit aux flux glacials advectés de Scandinavie ou Russie. Toutefois, selon la logique de la circulation atmosphérique, les vagues de froid successives se concentrent d'abord vers le Nord-Est de la France avant de se répandre sur les Grands Causses. Ce n'est qu'en décembre que la froidure devient remarquable sur l'ensemble de la région. L'intensité maximale se développe du 22 janvier au 6 février, accentué par un tapis de "poudreuse" de 30 cm accumulé toute la journée du 3/02, suivie de minima absolus inférieurs à -20°. On se rapproche de la rigueur extrême de 1956 ! La résistance de ce décor neigeux jusque début mars témoigne de la longue durée du gel continu, ce qui place cet hiver-là au 1er rang du XXème siècle. Il fut ressenti à l'époque comme une réplique des grands hivers qui jalonnent le "petit âge glaciaire", un cran inférieur tout de même au plus terrible, celui de 1788-89, un des déclencheurs de la révolution française !
Gros épisodes neigeux 1970-1971
1ère phase : Noël 1970 marqué par les "naufragés de la route" sur l'autoroute A7. Un épisode méditerranéen de type neigeux s'étend de la vallée du Rhône aux Grands Causses. Un tapis de neige lourde ensevelit la région sous une couche de 40-60 cm. Des éclairs zèbrent le ciel pendant la nuit, un décor féérique durant le paroxysme de l'épisode !! S'ensuivent 3 ou 4 journées glaciales avant l'intrusion d'un "vent du Midi" vigoureux, qui "dévore" rapidement cette épaisse gangue.
2ème phase : fin janvier 1971, la plus sévère, celle qui paralyse le pays durant de longues semaines, quand le paroxysme neigeux est suivi immédiatement d'une intense vague de froid. Les épaisseurs de neige fraîche sont estimées de 40-50 cm après la pluie dans les vallées, à 80-100 cm sur l'ensemble des Causses, jusqu'à 150 cm sur l'Aubrac. Un phénomène de tourmente, comparable à celui qui règne en maître - à l'époque - sur les hautes terres de l'Aubrac, se déchaîne sur les Avants-Causses, jusqu'au fond des vallées les mieux abritées. Des congères de plusieurs mètres obstruent routes et chemins ; fermes et hameaux demeurent longtemps isolés, sans électricité, jusqu'à près de 15 jours parfois. Les plateaux sont encore festonnés de congères début avril, comme sur la Loubière par exemple.
Même le "mini-blizzard" de janvier 1987, exceptionnel sur le littoral languedocien, se situe à un degré nettement inférieur de par sa quantité de neige, et surtout une durée de paralysie bien plus courte.
Epaisseur de neige exceptionnelle : janvier 2006
Depuis mars 1935, les Avants-Causses n'ont pas enregistré une telle quantité de neige, celle qui perturba les habitants du St Affricain durant une bonne semaine. Des archives mentionnent plus de 1 m à Millau le 9 janvier 1876 sans dégel efficace durant 2 à 3 semaines. Toujours la même configuration synoptique : blocage européen et goutte froide sur le golfe du Lion. La stationnarité du système, centré sur l'Aveyron, explique l'intensité de cette chute de neige, qui dure 20 heures environ, en ce samedi 28 janvier.
Finalement, un phénomène classique, mais quelques détails dévoilent son originalité. En fin d'épisode, la pluie succède progressivement à la neige, d'abord sur le Larzac, plus tardivement en fond de vallées, où l'épaisseur d'air froid résiste mieux. Voilà le paradoxe, la neige est plus épaisse à Millau qu'à La Cavalerie ! Ceci démontre l'importante circulation d'air chaud en altitude, qui repousse facilement la fine couche d'air polaire sur les plateaux. La pluie tombe même sur l'Aigoual en fin d'après-midi, c'est donc un intense épisode cévenol pluvio-neigeux qui concerne toute l'aile occidentale de la "Montagne languedocienne". Aussi, l'Aveyron subit les dommages de la neige, alors que l'Aude inonde les basses plaines du Narbonnais ! Le manteau neigeux (globalement 70-80 cm) s'alourdit considérablement en absorbant la pluie et provoque l'effondrement de nombreuses charpentes métalliques, notamment dans les fermes. La douceur du "vent du Midi" amorce une fonte rapide, surtout sur le Larzac, mais des conditions anticycloniques s'établissent après la résorption de cette goutte froide. Donc, les inversions thermiques entretiennent le gel quasiment permanent sur les ombrées, aussi ce tapis neigeux résiste deux à trois semaines dans les vallons caussenards, alors que le Larzac n'en a plus aucune trace au bout d'une semaine !
Neige méditerranéenne : 8 mars 1964
Suite à quelques jours de froidure anticyclonique, le dimanche matin la neige tombe à flocons serrés à Saint-Félix-de-Sorgue, par une température constante de -3° toute la journée. L'épaisseur de neige collante augmente régulièrement pour atteindre 50 cm à 20 heures. L'intensité de 3 cm/h concerne l'ensemble du Sud-Aveyron et même jusqu'à Rodez, guère plus sur le Larzac et les Mts de Lacaune. Le forçage orographique semble négligeable car l'advection d'air méditerranéen doit surmonter le flux continental, ainsi se forme un système d'occlusion qui se concrétise par des précipitations stratiformes au niveau de la discontinuité des deux masses d'air, à 2000 m d'altitude environ. Dès la fin de cette chute de neige l'air froid reste maître du terrain, le rayonnement nocturne sous un ciel étoilé favorise la baisse de température jusqu'à -10° au fond des vallons caussenards. Le spectacle s'avère magnifique dans le bassin millavois, digne d'un paysage montagnard sous un soleil éclatant. Mais la transparence de l'air traduit un changement de temps proche, dans les 48 heures suivantes s'établit un flux de sud tiède et la neige a complètement disparu en fin de semaine.
Tempête de neige sur le Larzac : 15-16 février 1967
L'épicentre se localise entre Aigoual et Mont-Lozère après avoir débuté le 11 février, localisé seulement au rebord cévenol par effet orographique. Deux phases distribuent chacune 20 à 30 cm jusqu'aux confins du Sud-Aveyron, notamment secteur du Guilhaumard et hauteurs de Mélagues. Le paroxysme se déclenche le 15 février, quand le "vent du Midi" se déchaîne, fréquentes rafales 100-120 km/h, même un instantané de 150 km/h enregistré à Millau-Soulobres ! La neige tombe en abondance au seuil de 750-800 m d'altitude, une épaisseur difficilement estimable, probablement un volume correspondant à une couche de plus de 1 mètre. C'est la puissance du vent qui importe le plus, des "combles" de 1,50 m à 2,50 m s'édifient rapidement sous le revers du moindre talus, le vent moyen évalué à 94 km/h au plus fort de la tempête qui a duré pratiquement 24 heures. Uns fois de plus le contraste est flagrant entre les rudes plateaux et les vallons privilégiés. Par exemple la cité millavoise est complètement isolée sous la pluie battante poussée par le grand "vent du Midi", car les routes du Larzac et du Lévézou sont obstruées par d'énormes congères. Au Caylar sont bloqués des automobilistes incrédules au débouché des plaines lodévoises, plus d'une centaine de personnes connaissent les angoisses de la nuit passée dans la tourmente ! Les chasse-neige à étraves sont bloqués, seul le matériel acheminé de l'Aubrac peut dégager le secteur après 48 heures de longue attente dans "l'enfer blanc" !
Tempête et inondations : 6-8 novembre 1982
Une dépression très creuse sur le golfe de Gascogne déclenche un déchaînement du "vent du Midi", qui atteint la puissance de l'ouragan durant près de 36 heures. Les peuplements forestiers d'une large moitié Sud de la France sont terriblement dévastés. Associé à ce phénomène exceptionnel se développe un intense épisode méditerranéen, déversant des pluies diluviennes sur une étendue extraordinaire, du Vivarais à la Cerdagne, s'acharnant aussi sur les crêtes cévenoles qui ceinturent la région. En conséquence, le Tarn enregistre sa crue historique à Millau, comparable à celle de septembre1875, estimée à 10 m environ au "pont de fer". Le Dourdou développe une crue majeure en amont de Camarès, alors que la Sorgue sort modestement de son lit.
photo près de Millau après-midi 28 janvier 2006. Environ 70 cm un peu plus tard, avant la pluie. (mesure officielle Millau-Soulobre : 62 cm ). Epicentre sur le Lévézou (1.15 m du côté de Vezins, près de 1 m. à Rodez )
Mobilisation générale pour déblayer les congères sur la route conduisant vers Sauclières à proximité du Larzac. De solides caussenards habitués à lutter contre l'adversité!(Photo "Midi Libre" 19 février 1967).
En janvier 1980 se déroule un épisode comparable à celui de 2006. Il s'agit encore d'un "retour d'Est" moins intense que le précédent, davantage localisé vers les Monts de Lacaune. Néanmoins l'épaisseur de neige lourde atteint 60-90 cm sur les hauts bassins-versants Sorgue-Dourdou, sûrement plus de 100 cm sur les crêtes. St Affrique se trouve embourbée sous ces 45 cm difficiles à déblayer avant que le "vent du Midi" et la pluie ne viennent "dévorer" cette masse de neige imbibée d'eau. (Photo "Midi Libre" 19 janvier 1980).
Les rues de Séverac-le-Château sont engluées sous ces 85-100 cm de neige accumulée par un fort vent de nord-ouest. La bourgade située à 800 m d'altitude sur une butte du causse doit s'adapter à ces conditions difficiles durant 2 semaines.
(Photo "Midi Libre" 06 février 1971).
Sur cette photo, on peut observer le pic de crue du Tarn à Millau, le 08/11/1982. L'eau affleure le tablier du pont Lerouge, à la cote 9,80 m. Une plus forte contribution de la Dourbie, alors qu'en 1875 le Tarn-amont fut davantage impacté.
L'analyse de cet événement est développée dans mon ouvrage "Excès climatiques ... "
Pluies extrêmes les plus fréquentes
Ce document de synthèse édité par Météo-France met en évidence la trajectoire la plus fréquente des épisodes méditerranéens intenses. C'est bien de l'Espinouse au Tanargue que cette fréquence augmente, en fonction de la puissance du relief, et de la capacité des "cheminées cévenoles" à conditionner le forçage orographique.
Effectivement, la plupart de ces communes répertoriées, qui ont connu plus de 10 épisodes de ce style durant les 50 dernières années, se localisent en amont de bassins-versants très encaissés. Ces intensités pluviales sont le reflet de cette topographie particulière des "serres cévenoles" orientées dans l'axe des flux d'ESE, extrêmement chargés en vapeur d'eau, agissant comme une "pompe aspirante" sur le puissant jet de basses couches qui converge sur ce secteur géographique. Ainsi, en droite ligne de la vallée du Lignon (station La Souche), la crête du Tanargue enregistre la plus grande fréquence des averses supérieures à 100 mm, donc l'un des sites les plus arrosés en France (moyenne annuelle 2200 mm).
5 communes ardéchoises ont enregistré ces valeurs plus de 20 fois : Valgorge, Loubaresse, Mayres, La Souche, Montpezat, situées dans l'environnement du relief le plus vigoureux ; Tanargue et Croix-de-Bauzon.
4 épisodes concernent les bassins-versants des Grands Causses en déversant plus de 400 mm sur 2 jours consécutifs, épicentres plutôt localisés de l'Aigoual au Mt Lozère : 30-31/10/1963 (crue majeure Dourbie) ; 24-25/09/1965 (crue majeure haut-Tarn) ; 7-8/11/1982 (crue majeure Tarn-Dourbie) ; 3-4/11/1994 (crue majeure Lot-Tarn) ;
Sur cette carte apparaît bien l'ensellement de relief, entre Castanet-le-Haut et St Maurice-de-Navacelles. L'affaiblissement du forçage orographique au niveau du Larzac se traduit par une occurence moyenne de 5 à 10 ans de ces cumuls de 200 mm/24h. sur les bassins-versants du Sud-Aveyron.
Crue de la Sorgue : 28 novembre 2014
Une "mousson méditerranéenne" 2014 déjà exceptionnelle par la répétition des épisodes intenses, ceux qui sont répertoriés au seuil de 200 mm/24h ; on en dénombre 14 depuis septembre. C'est le 2ème qui touche particulièrement le Sud-Aveyron en ce 28 novembre, son profil particulièrement agressif provoque une crue historique de la Sorgue, d'un niveau comparable à celui d'octobre 1933 de St Félix à St Affrique. Un système en "V" se met en place en fin de nuit, la pointe du "panache" localisée sur les contreforts biterrois, les salves orageuses se dispersant durant 12 heures environ vers le Sud-Aveyron. Les branches du "V" développent un mouvement de balancier d'Ouest en Est, qui effectue pratiquement un aller-retour entre le matin et l'après-midi, du bassin du Rance au bassin de la Dourbie, l'épicentre se situant sur le bassin-versant Dourdou-Sorgue. La distribution toujours irrégulière des cellules orageuses s'accompagne d'un "vent du Midi" soutenu, ainsi toute la zone est systématiquement "mitraillée" à intervalles de 20 minutes à 2 heures. L'intensité dépasse parfois le seuil de 40 mm/h, celui qui déclenche les crues torrentielles. Comme le temps de concentration de la rivière est très rapide, après saturation des sols par le fort cumul pluvial distant seulement d'une semaine, le rythme de la crue se calque sur le rythme des averses, dont le déplacement rapide d'amont vers l'aval accélère encore la montée des eaux. Les brusques gonflements de la rivière s'empilent au fil du temps, ponctués de quelques rémissions qui réduisent la puissance de crue. Mais au final, vers 17 heures, s'affiche une cote jamais enregistrée au pont de St Félix : 6,49 m. (mesure officielle) au lieu des 6,20 m estimés le 27 septembre 1992 ! Cependant une déficience du capteur fausse la mesure avant le pic de crue. Vue la hauteur de 40 cm d'eau sur la route en rive droite du pont, la valeur historique peut être estimée à 6,70 m. ! 1h30 plus tard, le pic de crue envahit les bas-quartiers de St Affrique, l'eau franchissant le "Pont du Centenaire" et remontant les 3/4 de l'Avenue Victor-Hugo !
Et pourtant, le cumul pluvial atteint globalement 130 - 220 mm sur l'ensemble du bassin-versant, valeur nettement inférieure à celles enregistrées sur les versants exposés aux puissantes ascendances, côté languedocien, comme le montrent les radars-pluies ci-dessous. Par exemple, sur des trajectoires semblables, le bassin-versant de l'Orb reçoit plus de 300 mm/24h lors des crues mémorables, comme en décembre 1953. Ces différences de part et d'autre de la ligne de crêtes suivent la logique des mécanismes orographiques, le rougier de Camarès se trouvant relativement protégé lorsque les lignes orageuses persistent sur l'axe Béziers-Montagnol.
Ces documents mettent en évidence la dégradation des influences méditerranéennes sur les Grands Causses, même dans leurs manifestations les plus extrêmes. La localisation des épisodes orageux les plus extravagants montre bien le rôle essentiel des reliefs les plus massifs, qui renforcent des systèmes convectifs très dynamisés par la vitesse des flux de basses couches atmosphériques.
Toutefois, n'oublions pas le risque d'inondations majeures provoquées par les averses extensives, dont les cumuls pluviométriques étalés jusqu'à 72 heures, et parfois plus de 10 000 km2, sont responsables des énormes volumes de crues du Tarn (novembre 1982) et du Lot (novembre 1994 et décembre 2003).
.On peut rajouter sur ce document l'épisode méditerranéen du 19 septembre 2020 ( voir rubrique "synthèses") un phénomène de méso-échelle très localisé qui se focalise sur l'amont de Valleraugue. Durant 7 heures environ plus de 700 mm de pluies diluviennes, dont 360 mm en 3 heures sont enregistrés officiellement près de la bourgade, un paroxysme qui rappelle celui de 1900. Or à mesure que la température augmente en basses couches, plus les ascendances thermodynamiques s'accroissent , ce qui implique une plus grande fréquence des lames d'eau à intensité extrême sur des secteurs très localisés.
Les crues majeures de la Sorgue depuis 1875.
Référence du 28/11/2014 pour la hauteur de crue estimée à 6,70 m au "Pont-Neuf" de Saint-Félix-de-Sorgues ( voir ci-dessus ).
Référence du 06-09/12/1953 pour le volume de crue ( voir "Excès climatiques sur la Montagne languedocienne" p.145 ).
Ensuite 20-22/10/1933, hauteur de crue légèrement inférieure à 2014, probablement supérieure en volume ( voir ouvrage p.151 ).
26-27/09/1992 hauteur estimée à 6,20 m "Pont-Neuf" de St Félix, 3ème rang pour la hauteur, mais inférieure aux 2 précédentes en volume (voir ci-dessus ).
01-03/03/1930 comparable à 1933 en volume, mais inférieure aux précédentes en hauteur pour St Félix ( voir ouvrage p.148 ).
24-25/09/1965 hauteur à peine inférieure à 1992, pic de crue rapide durant la nuit ( voir ouvrage p. 143 ).
06-07/11/1982 nettement inférieure à la crue du Dourdou classée parmi les crues majeures à Vabres-l'Abbaye.
10-11/09/1875 hauteur non renseignée, pourtant destruction du "Pont Neuf" signalée à St Félix. ( forte crue à St Affrique ).
09/10/1920, pluies torrentielles localisées sur rive droite de la Sorgue, couvent envahi par une coulée de boue à St Félix. ( forte crue à St Affrique ).
Vague de chaleur exceptionnelle : août 2003
Du 2 au 14 août, la région subit les effets de la pire canicule connue en Europe depuis plusieurs siècles. Un dôme de chaleur associé à un puissant anticyclone se traduit par des températures maximales extrêmement élevées, même sur les hautes terres de l'Aubrac, Mt Lozère ou Aigoual, où les valeurs s'échelonnent de 30° à 34° ( isotherme 0° remonté à 4500 m. ). Bien sûr, dans les vallons caussenards et le Rougier de Camarès, les maxima varient de 39° à 42° sur 3 ou 4 journées. L'environnement végétal se trouve affecté par un stress hydrique brutal, marqué par un flétrissement généralisé des feuillages sur de nombreux boisements. Sur les argilites du rougier, les buis prennent une teinte roussâtre, certains secteurs de la chênaie laissent apparaître des couleurs automnales, alors que les versants nord parviennent à conserver un minimum d'humidité en sous-sol.
Au niveau de la sécheresse agricole, cet épisode extrême se déroule au terme d'un été particulièrement chaud, après un printemps déjà sec. Depuis fin juin, les maxima oscillent constamment dans la fourchette 25° - 30°. Donc le niveau des nappes phréatiques s'abaisse rapidement, des sources tarissent, seul résiste le réseau karstique profond, comme le montre la Sorgue, nettement moins affecté que le Dourdou. A titre de comparaison, cette anomalie climatique dépasse largement l'intensité de l'été 1947, longtemps référence pour la région.
Evénements récents
Episode cévenol du 20-23 octobre 2019
Cet épisode méditerranéen acquiert sa plus forte puissance autour de Béziers. Le forçage convectif intense demeure bien localisé, car le manque de vitesse du flux de basses couches l'empêche d'étendre sa sévérité au-delà de la ligne des crêtes héraultaises. A l'approche des Grands Causses, c'est le forçage orographique qui prend le relais pour assurer un fort cumul précipitable.
Effectivement, les salves orageuses qui débutent en ce 22 octobre vers 6h00 du matin sur l'amont de la Sorgue, ne se révèlent pas aussi menaçantes que celles qui sévirent le 28 novembre 2014. Bien sûr de fortes averses se déversent sur le Sud-Aveyron, toujours avec la même irrégularité habituelle. Quelques phases plus continues et moins virulentes, moins d'activité électrique, ce scénario dévoile bien les caractéristiques d'un épisode cévenol. Le forçage orographique permet d'atteindre les 200 mm au Clapier et à Mélagues. Ensuite, l'intensité pluviale s'affaiblit progressivement vers l'aval des rivières. On passe par exemple des 150 mm sur Cornus ou Brusque à 80 mm vers St Affrique ou Montclar. En outre, la trajectoire biterroise favorise la concentration du flux humide de basses couches vers le Larzac et le Lévézou, largement circonscrits par l'isohyète 100 mm, comme en témoignent les 110 mm de Millau-Soulobres.
Selon cette configuration pluviométrique, l'ensemble des bassins-versants du Sud-Aveyron réagit sensiblement à des "vagues" intermittentes de forte intensité pluviale. L'observation des différentes mesures publiées par "vigicrues" laisse apparaître l'onde de crue la plus intense le long de la Sorgue, comme l'indique la hauteur de 4,89 m relevée à St Félix, le Cernon inonde aussi largement son lit majeur. Par contre, la crue du Dourdou demeure relativement banale, et encore moins celle du Rance. Cela concrétise bien la trajectoire la plus dynamique du système pluvial, du Biterrois au Larzac, plus atténué aussi bien du côté des Monts de Lacaune que du massif de l'Aigoual.
Episode cévenol du 11-13 juin 2020
Un système dépressionnaire complexe piloté par une "vallée froide" évolue vers l'isolement d'une "goutte froide" sur le golfe de Gascogne. Cette configuration synoptique permet le développement d'un système pluvio-orageux de grande extension géographique, de la Bretagne au Massif Central. La situation de blocage se traduit par un déplacement très lent du système vers l'Est. Donc, le forçage dynamique se trouve accentué par le forçage orographique à l'approche de l'escarpement cévenol. Le potentiel convectif d'un jet de basses couches chaud et humide permet le développement de lignes pluvio-orageuses discontinues. Celles-ci empruntent une zone de convergence axée sur la trajectoire la plus récurrente, c'est-à-dire de l'Aigoual lozérien au Tanargue ardéchois. Le paroxysme pluvial, 350 à 430 mm en 48 heures sur le versant du Mont-Lozère, démontre bien la prédominance du facteur orographique, de même que les pics de crues les plus sérieux sur le Tarnon, ensuite Haut-Tarn, et moins intensément sur le Haut-Allier.
En ce qui concerne les Grands Causses, étant donné la modération du forçage convectif, comme l'attestent une sévérité orageuse relativement faible, le forçage orographique se limite aux crêtes héraultaises et les phases de forte intensité pluviale, de courte durée, restent espacées par de longs moments d'accalmie. Donc malgré des cumuls pluviométriques de 120 à 180 mm sur les têtes de bassins-versants, les ondes de crues décrivent une courbure nettement plus ample que lors des épisodes d'automne, généralement plus virulents. Par exemple, malgré la réaction la plus sensible sur la Sorgue, mesurée à 2,80 m à St Félix, cet épisode remarquable pour un mois de juin ne présente aucune particularité exceptionnelle sur notre région, en terme de cumuls pluviométriques.
Les radars de pluies enregistrés le 12/06 à 14 heures, permettent de vérifier la position des noyaux de condensation les plus intenses, qui se développent sur la même zone géographique depuis la soirée du 11/06. Ce cliché instantané démontre bien le forçage orographique qui exacerbe les mécanismes de la convection vers la partie la plus massive de l'escarpement cévenol , depuis l'Aigoual au sud, (source du Tarnon) jusqu'au Bougès et Moure de la Gardille au nord (sources du Lot, Chassezac et Allier). On aperçoit également l'expansion des forts cumuls orangés sur le Haut-Tarn, ce qui correspond à l'épicentre de l'épisode sur l'alignement Est-Ouest du Mont-Lozère. D'où la crue impressionnante du Tarn au niveau de Ste Enimie, un pic exceptionnel pour un mois de juin.
février 2020 : pratiquement aucune gelée
Une remarquable douceur persiste tout le mois, qui se place parmi les plus tièdes depuis les années 1990. L'écart thermique s'accroît sensiblement du17 au 24/02 en raison d'un flux de sud anticyclonique. La température minimale n'atteint que 2 fois 0°, comme en 1990. La moyenne maximale de 11° est légèrement inférieure aux records de 1998 et 2019 (respectivement 12°4 et 12°).
A l'opposé, les plus froids sont enregistrés en 1986 (grosse neige Plateau ardéchois et Pyrénées catalanes) et 2012 (dernière vague de froid remarquable).
novembre 2020 : une constante douceur océanique
C'est le mois le plus doux jamais enregistré dans la région (9°8). Néanmoins, on retrouve déjà des températures comparables en 2011, 2014 et 2015, et la 1ère fois en 2006. Encore un indice du réchauffement climatique. Cette ambiance climatique est associée à la persistance d'une circulation zonale, génératrice de la fréquence des flux océaniques du quadrant sud-ouest.
A l'opposé, les plus froids sont enregistrés en 1985 et 1998 (respectivement 3°2 et 3°8)
Tempête "Bella": neige remarquable 28/12/2020
La photo ci-contre montre les 60 cm cumulés près de St Chély d'Apcher lors d'un épisode qui rappelle les "neiges d'antan", atteignant son paroxysme dans la nuit du 27-28/12/2020. La neige recouvre le sol dès 700 m d'altitude, néanmoins la couche ne dépasse les 20 cm qu'au seuil de 900 m, soit Aubrac, Lévézou, Mts de Lacaune. L'aspect remarquable du phénomène se justifie dans le contexte du réchauffement climatique, par contre c'était une situation classique durant la plupart des hivers 1960-1990, correspondant à l'oscillation naturelle "fraîche" des années 1950-1980. Ce type de temps est associé à un "vallée froide" orientée de la mer de Norvège à la Méditerranée, qui se développe depuis Noël 2020, la situation dépressionnaire donnant des chutes de neige éparses les jours suivants, pour donner plus de 1 mètre d'épaisseur sur les "trucs d'Aubrac", affectés par un "écir" tenace dont une rigueur comparable remonte à l'hiver 2005. L'accentuation du froid en 1ère décade de janvier 2021 assure la consolidation de ce tapis neigeux. La prédominance des flux de nord-ouest jusqu'à mi-février se traduit par un cumul remarquable de 2,50 m au seuil de 1200 m d'altitude.
Gelées tardives en avril 2021
Du 06 au 09/04, une coulée froide, phénomène printanier classique, se révèle d'une intensité exceptionnelle, comparable à celle plus banale des années 1970 à la même période, un peu moins sévère que le 21 avril 1991. Les minimales franchissent souvent le seuil des -6°, la "gelée noire" est la marque de cette invasion froide et sèche, qui "grille" les tendres pousses végétales trop précoces. Les "pièges à froid" des hauts plateaux enregistrent même des minima inférieurs à -10° !
Après un retour à un temps plus conforme à la saison, une nouvelle coulée froide, moins percutante que la précédente, occasionne des gelées au seuil des -5° du 13 au 15/04.
Ainsi le mois d'avril 2021 se place à un rang historique par la répétition des gelées tardives, d'autant plus dommageables que leur intervention succède à une dernière décade de mars particulièrement tiède, indice flagrant du réchauffement climatique, responsable d'une avancée préjudiciable du cycle végétal.
Neige précoce du 25/11 au 10/12/2021
La neige fait son apparition sur l'ensemble des plateaux sous l'influence d'une coulée polaire du 25/11 au 29/11, suivie d'un flux dynamique dans le quadrant nord-ouest. Au gré des fluctuations des masses d'air associées à chaque perturbation, la limite pluie-neige varie sans cesse entre 600 et 1200 mètres d'altitude. L'impact le plus étendu de cette neige se situe le 28/11, le tapis blanc apparaissant jusqu'à mi-pente de nos vallées. Ensuite quelques passages pluvieux atteignent même l'Aubrac, le décor neigeux résistant encore au seuil de 900 mètres, avant un épisode plus modéré le 05/12, et enfin le 10/12 encore plus discret sur les Avants-Causses. Sur la période, les cumuls de neige dépassent 50 cm sur l'Aubrac, environ 20 cm sur Lévézou et Monts de Lacaune, autour de 5 cm sur Larzac et Avants-Causses. La fonte est rapide au-dessous de 1200 mètres, car le sol n'est pas suffisamment refroidi au moment de ces chutes de neige humide.
Episode méditerranéen du 11/03 au 13/03 2022
Un blocage tenace du flux océanique favorise le creusement d'une "vallée planétaire" orientée vers le golfe du Lion. Sans développement de la convection profonde, le profil pluviométrique prend l'allure de précipitations durables à intensité modérée, sous l'action essentielle du forçage orographique. La trajectoire principale du flux de sud-est en basses couches provient du Biterrois et se focalise sur l'Espinouse comme en témoigne la crue de l'Orb légèrement supérieure à celle de novembre 2014. Par contre, les forts cumuls de 200 à 300 mm se limitent aux crêtes des bassins-versants Sorgue-Dourdou, peu affectés par des débordements ou écoulements torrentiels.
Dans ce contexte survient brusquement une phase orageuse le 13/03 marquée par une neige insolite sur le Sud-Aveyron, comme en témoigne la photo prise dans la vallée de la Sorgue. L'intensité neigeuse stationnaire au seuil de 1000 m d'altitude favorise le phénomène d'isothermie (voir rubrique "mécanismes") .
Durant cet épisode méditerranéen la couche de neige atteint 1,50 m au sommet de l'Aigoual, ce qui permet de relancer les sports de glisse à la station de Prat-Peyrot. En outre, cette neige abondante jusqu'au seuil de 1100 m environ réduit l'écoulement de précipitations liquides et par là même le risque d'inondations majeures sur l'aval des bassins-versants qui enregistrent de gros cumuls de pluie sur ces 72 heures.
Vague de chaleur exceptionnelle en mai 2022
Le ralentissement de la circulation zonale se combine avec un renforcement anticyclonique sur l'Europe, alors que la tendance dépressionnaire sur le Proche-Atlantique exerce le phénomène de "pompe à chaleur". Ainsi dès le 10/05 les maxima atteignent des valeurs historiques sur l'ensemble de la France, dépassant les 30° sur de nombreuses régions, valeurs les plus élevées dans le Sud-Ouest et de la Provence au Centre-Est. En outre le déficit pluvial généralisé depuis décembre se traduit par une accentuation remarquable de la sécheresse agricole, notamment en Pays de Loire et en Provence, une situation qui rappelle celle de 1976, lorsqu'une dorsale anticyclonique persistante sur l'Europe favorise quelques entrées maritimes sur le golfe du Lion, pour réduire la sévérité de la sécheresse.
La région des Grands Causses se trouve encore une fois relativement épargnée, la ventilation du vent d'autan atténue l'effet atonique de la forte chaleur sur les versants exposés au sud, malgré les 32-33°enregistrés au fond des vallées. On n'a pas d'anomalie de la circulation atmosphérique générale, mais dans le contexte du réchauffement climatique la dorsale anticyclonique véhicule de l'air subtropical plus chaud qu'auparavant. Au niveau de la sécheresse, la situation s'apparente à celle de 2011 marquée par un déficit pluviométrique printanier sévère sur le Sud-Aveyron.
Trois vagues de chaleur remarquables : juin - juillet-août 2022
La 1ère s'étale du 11 au 20 juin avec des maxima qui flirtent avec les 40° au pied de l'Aubrac du côté d'Espalion, alors que l'autan blanc introduit un ressenti plus supportable dans l'environnement des Grands Causses, malgré des 37°-38° sur les versants bien exposés au sud. Seule consolation, des nuits apaisantes qui nous épargnent d'un épisode de canicule, les minima s'abaissant aux alentours des 15°. L'épicentre du phénomène se localise sur le sud-ouest aquitain, le seuil critique des 40° franchi sur de larges superficies.
La 2ème sévit du 11 au 24 juillet, toujours selon le même scénario atmosphérique, quand une "goutte froide" positionnée au large du Portugal joue le rôle de "pompe à chaleur" face à un blocage anticyclonique européen. La sévérité de l'épisode présente une relative modération sur la région par rapport à la canicule qui affecte durement la façade atlantique, des Landes jusqu'en Bretagne, avec un paroxysme de 40°-42° sur tous ces territoires les 17-18/07. Il faut tout de même souligner le franchissement du seuil des 30° au-dessus de 1200 m d'altitude, notamment sur l'Aubrac et le massif de l'Aigoual.
La 3ème s'intègre dans la continuité d'une situation exceptionnelle par sa durée, des maxima qui se concrétisent par de nouvelles phases de canicule du 31/07 au 13/08. L'épisode se déroule dans une configuration similaire à la période précédente, avec un paroxysme identique des Landes à la Bretagne les 11-12/08, suivi également d'un sévère épisode orageux. Et se retrouve encore une certaine atténuation de ce phénomène récurrent sur notre région, alors que l'ensemble de l'Aquitaine et la Provence sont péniblement affectés cette agressivité climatique, notamment la Gironde en proie à de terribles incendies de forêts.
Chaleur et sécheresse : octobre 2022
Après un remarquable pic de chaleur début septembre avec des maxima largement supérieurs à 30°, la prédominance anticyclonique qui prévaut habituellement au cours de ce mois, se décale sensiblement cette année sur octobre associée à des températures particulièrement élevées durant la deuxième quinzaine. Toutefois si l'on évoque même une 5ème vague de chaleur au pied des Pyrénées par effet de foehn ( plus de 30° durant plusieurs jours), c'est surtout le déficit pluviométrique qui interroge les habitants des Grands Causses, davantage que ces maxima qui dépassent parfois les 20° sous les entrées maritimes qui nous privent des quelques maxima à 25° sur une bonne partie de l'Occitanie. La sécheresse agricole cesse depuis les averses de septembre comme en témoigne le verdissement de la végétation herbacée, néanmoins les cours d'eau demeurent au niveau d'un étiage estival sévère, seule la Sorgue paraissant quelque peu épargnée par son statut de résurgence. Cette grande douceur inclut la période de Toussaint et "l'été de la St Martin", entrecoupés d'un 1er "coup de froid" du 04/11 au 07/11, avant l'amorce d'un véritable changement de temps le 13/11.
Ce tableau montre bien les 3 critères d'évolution des vagues de chaleur de 1947 à 2020 :
Tout d'abord on distingue leur expansion temporelle qui s'étend vers le mois de juin après 2015 et même en septembre depuis 2022. Ensuite apparaît leur plus grande fréquence en juillet-août depuis la décennie 1990.
Enfin le graphique de l'ensemble des épisodes révèle un début d'impact du réchauffement climatique dès la décennie 1970, avec notamment la fameuse sécheresse de 1976, mais surtout la croissance de l'intensité après l'épisode exceptionnel d'août 2003, encore plus sensible après 2015, pour atteindre un paroxysme de fréquence en 2022.
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Pénurie de la "mousson méditerranéenne" en automne 2022 et 2023
Une mer encore très chaude en septembre 2022 laisse planer la probabilité de violents épisodes méditerranéens. Or mis à part quelques foyers orageux stationnaires et localisés sur l'axe montpelliérain, ou 2 épisodes cévenols modérés de profil orographique, rien de remarquable ne se produit le long de l'arc méditerranéen français, c'est plutôt la péninsule italienne et la Sicile qui subissent deux épisodes virulents en octobre et novembre, qui effleurent même Sardaigne et Corse. Un scénario comparable se déroule en 2023, seul un épisode très virulent en septembre impacte un secteur très localisé sur l'Escandorgue (cumul 400-500 mm entre Lunas et Roqueredonde), limité aux crêtes héraultaises. Cela montre bien le rôle essentiel joué par le positionnement d'une "goutte froide" pour le déclenchement d'une intense cyclogénèse méditerranéenne. On retrouve ainsi l'irrégularité spatiale et temporelle qui constitue le caractère spécifique de ce climat.
Vague de chaleur exceptionnelle août 2023
Cet épisode devient très sensible après le 15 août sur les Grands Causses, mais il sévit déjà depuis le 10/08 sur la région lyonnaise. Des records maximaux placent la situation au rang des intensités thermiques les plus élevées jamais enregistrées en France, souvent proches de l'événement historique de 2003.
Les intensités mentionnées sur le graphique correspondent aux moyennes des maxima enregistrés pendant la durée de chaque vague de chaleur. La sévérité de chaque épisode est représentée par la grosseur des sphères en fonction de l'intensité et du nombre de jours. Donc en Occitanie ce sont 2003 et 2023 qui prennent un caractère vraiment exceptionnel, avec une intensité plus forte pour cette dernière alors que l'ensoleillement est nettement plus court après le 15 août. Encore le preuve que le réchauffement climatique d'origine anthropique est bien l'amplificateur de ces phénomènes naturels qui amènent à la distinction plus précise des dômes de chaleur.
Neige remarquable 11/01/2024
Il s'agit d'un épisode de "retour d'Est" qui se met en place suite à une coupure du décrochage du vortex polaire de la Scandinavie à la Russie. Ainsi l'isolement de l'air froid advecté sur la France avant le 08/01 se traduit par la formation d'une goutte froide. Alors se développe le conflit entre l'air méditerranéen et l'air polaire autour de ce centre dynamique. Selon la migration progressive de cette goutte froide du Sud du Massif Central vers le golfe du Lion, la neige la plus abondante tombe sur la ligne de partage des eaux "Atlantique-Méditerranée" de la Cévenne ardéchoise à la Montagne Noire, distribuant de 70 à 30 cm d'Est en Ouest au seuil symbolique de 800 m d'altitude.
La configuration synoptique du 8 janvier montre bien l'extension de la cellule anticyclonique centrée sur la mer du Nord vers l'Europe centrale. S'ensuit logiquement l'isolement de la goutte froide sur la France les jours suivants, une évolution qui permet le déroulement d'un épisode de "neige méditerranéenne" sur les Grands Causses selon une courbure Est-Ouest exposée de manière optimale au forçage orographique, alors que le flux tiède de basses couches manque de puissance pour activer la convection profonde, ce qui explique des intermittences dans l'intensité horaire. Le Sud-Aveyron est largement impacté comme en témoignent ces épaisseurs de neige de 60 à 10 cm, un dégradé progressif depuis les crêtes héraultaises jusqu'au Saint-affricain et au Millavois.
Photo matinale à St Félix-de-Sorgue : petite accalmie puis la neige lourde continue de tomber jusqu'en fin d'après-midi. L'épaisseur atteint 15 cm au coeur du village, mais plus de 30 cm sur le Loubière et 60 cm près du Clapier, évolution logique puisque l'épisode suit la trajectoire Béziers-Escandorgue (80 mm de pluie à Béziers). L'analyse de cet épisode montre bien la spécificité d'un "retour d'Est" sur la trajectoire détectée, puisque l'intensité neigeuse diminue nettement au-delà de Millau, en faible quantité sur le Lévézou malgré son altitude et encore moins sur l'Aubrac ! En fin de course sur le causse du Comtal près de Rodez où la neige succède à la pluie durant la nuit par effet d'isothermie !
Rappel vague de froid février 2012
Il s'agit de la 5ème vague de froid la plus sévère depuis 1947 à l'échelle nationale, reconnue comme exceptionnelle dans le contexte du réchauffement climatique, comparable à celle de janvier 1985 sur la région, moins intense qu'en janvier 1987. alors que son impact s'avère très agressif sur la majeure partie de l'Europe.
La situation synoptique ci-contre correspond à un épisode classique de "Moscou-Paris", cet air glacial véhiculé brutalement dès le 2 février par l'anticyclone scandinave, revient alors le souvenir de 1956 après un mois de janvier relativement doux. Un peu de neige au départ sur l'ensemble du Massif Central, 5 à 10 cm jusque dans nos vallons caussenards. De quoi accentuer le rayonnement nocturne sous un ciel dégagé ! Effectivement les minima s'abaissent sous le seuil des -20° dans les "trous à froid" les plus élevés. Même le seuil de -25° quelquefois franchi me certifient des habitants de la Margeride parcourue au printemps suivant ! Ce froid sec, agrémenté d'une bise glaciale se prolonge durant 13 jours. Puis le redoux s'installe aussi brusquement qu'a déboulé la froidure, avec des maxima supérieurs à 15° en fin de mois !
Episode cévenol exceptionnel 15 - 17 octobre 2024
Une situation de blocage du flux océanique se traduit par le développement d'un jet de basses couches dont la convergence se localise dans le golfe du Lion, mais aussi au large des massifs des Maures et de l'Estérel. Dans ces conditions c'est surtout le forçage orographique qui favorise les cumuls pluviométriques les plus importants, surtout le long de la Cévenne ardéchoise où l'orientation des différentes vallées permet le fonctionnement de véritables "cheminées aspirantes" jusque vers les sommets du Tanargue et de la Croix-de-Bauzon. C'est ainsi que la station installée par "infoclimat" sur ce site enregistre un cumul de 860 mm sur l'ensemble de l'épisode, soit une estimation d'une durée pluviale de 36 heures environ, dont l'essentiel se déverse dans la nuit et la matinée du 15-16/10, au moment où plus de 250 mm précipités lors d'orages stationnaires sur des bassins-versants très pentus provoquent un ruissellement torrentiel très puissant dans la ville d'Annonay et dans le sillon du Gier.
En fait il s'agit d'une situation d'averses extensives méditerranéennes, phénomène déjà reconnu au cours du XXème siècle, avec une exacerbation du système pluvieux sur les contreforts du massif du Pilat durant quelques heures, mais s'épuisant assez rapidement à la fin de la première phase. La carte ci-dessous montre bien la relation entre la puissance du relief et les cumuls supérieurs à 300 mm de l'Aigoual au Gerbier de Joncs, ce qui correspond à la phase essentielle de l'épisode.
Encore une fois c'est la première pulsion d'air chaud et humide dans un jet de basses couches qui révèle son plus grand dynamisme. La Croix-de-Bauzon relève 630 mm avant midi, c'est 80 mm à Saint-Félix-de-Sorgues qui représente un point stratégique sur le Sud-Aveyron et 105 mm en fin d'épisode durant la nuit du 17-18/10. Du côté du Var les cumuls maximaux sont un peu plus tardifs suite au lent décalage de tout ce système vers l'Italie.
Episode méditerranéen exceptionnel en Espagne
Dans le prolongement de la situation précédente, la "goutte froide" responsable de l'épisode cévenol extensif continue son déplacement vers le sud, elle retrouve même un surcroît de puissance en raison de son blocage entre une apophyse de l'anticyclone des Açores et des hautes pressions subtropicales centrées sur l'Afrique du Nord. Ici le forçage convectif prend une ampleur démesurée, car se détecte un rapide jet d'altitude car l'air froid occupe une large tranche verticale dans une configuration marquée par un violent contraste thermique. La forte aspiration d'air chaud favorise la mise en place d'un système en "V" d'une puissance exceptionnelle, les cumulo-nimbus atteignant près de 20 km de hauteur à la pointe du "panache" où se renouvellent les cellules orageuses par effet rétrograde. Ce mécanisme s'explique par le refroidissement de la masse d'air sous pluies très intenses, cet air froid accentue le contraste au contact du flux d'air chaud qui s'élève très rapidement vers une haute altitude, ce qui entretient la formation des grosses cellules orageuses. Ensuite la "goutte froide" poursuit son lent déplacement vers Gilbraltar, donnant encore lieu à une forte sévérité orageuse au sud-ouest de l'Andalousie les 30-31/10 et même au sud de Barcelone. Pendant ce temps le système perturbé effleure le Roussillon, donnant jusqu'à 158 mm sur Perpignan le 27/10 et tout juste une petite pluie sur Narbonne. Sinon règne le beau temps anticyclonique sur les Grands Causses et des entrées maritimes seulement localisées chez les Catalans !
On connaît bien cette logique de la thermodynamique méditerranéenne, les épisodes les plus impressionnants sont évoqués sur ce site en complément de mon ouvrage "Excès climatiques sur la Montagne languedocienne". Malheureusement ces derniers événements stigmatisent profondément une nation, car la vulnérabilité atteint une dimension historique puisque ce "panache" se focalise durant 8 heures sur une vaste zone urbanisée où la torrentialité s'exprime avec un coefficient d'écoulement proche de 100%, alors que 20 ans auparavant c'était un environnement rural ! De tous les systèmes en "V" répertoriés en France depuis une cinquantaine d'années, c'est celui d'octobre 1988 à Nîmes (420 mm en 8h00) qui présente la similitude la plus proche avec la catastrophe de Valence. Un réaménagement de la zone urbaine traversée par les "cadereaux" a démontré son efficacité lors de plusieurs épisodes d'intensité tout de même un peu plus faible depuis cet événement majeur.