Déroulement des types de temps par saisons depuis 2023-24
En référence au document présenté sur "rubrique actualités" se retrouve sur le tableau ci-dessus la synthèse de la 1ère saison répertoriée pour replacer le "scénario" dans le contexte du dérèglement climatique, l'essentiel étant déjà rapporté sur cette page depuis l'hiver 2020.
Donc l'automne 2023 présente une ambiance globale de douceur sous la prédominance de l'influence océanique qui ondule entre quadrant ouest et quadrant sud-ouest. Tous les types de temps qui amènent "déluge" ou "frigorie" sont "aux abonnés absents" ! Néanmoins on observe des contrastes sensibles entre chacun des 3 mois. Octobre se distingue par ses maxima remarquables en raison des 26 jours anticycloniques dont les flux sont essentiellement subtropicaux. Ensuite novembre apporte un frein au déficit hydrique accumulé depuis de longs mois, pourtant les cours d'eau ne réagissent guère malgré un apport pluviométrique correct. Or après une 1ère quinzaine de décembre régulièrement humidifiée en petite quantité, la situation anticyclonique reprend ses droits, toujours dans un cadre de hautes pressions subtropicales.
Ce tableau synthétique réduit intentionnellement l'hiver à deux mois, ce qui correspond à la réalité observée sur l'ensemble de la région au-dessous du seuil 800 m d'altitude. Effectivement depuis 2010 le mois de décembre se retrouve 10 fois sans aucune forte gelée (-5°) et 9 fois sur une moyenne égale ou supérieure à 6°, limite de dormance végétale. Le caractère hivernal s'affaiblit sensiblement en février, 6 fois au-dessus du seuil de 6° et absence de fortes gelées et de jours sans dégel depuis la rigueur modérée de 2018.
Cette saison 2024 retrace la prédominance du courant océanique sur l'Europe occidentale, une conséquence du phénomène cyclique "El Nino" qui favorise les pulsions subtropicales à travers l'Atlantique. Donc se concrétise la succession de types de temps doux et humides, tout juste interrompue par un banal "coup de froid" mi-janvier, laissant une sensation de douceur quasiment permanente en février, dans la continuité établie en 2019. La persistance de cette circulation atmosphérique est responsable de contrastes extrêmes au niveau de l'Hexagone, allant des 5 phases d'inondations dans le Pas-de-Calais à la sécheresse inquiétante du Roussillon.
La région des Grands Causses retrouve ainsi une situation classique dans ce genre de scénario, une position intermédiaire qui donne la prépondérance aux types de temps d'Ouest dégradés, même les plus actifs, ceci en raison d'une trajectoire des flux qui "ondulent" le plus souvent au nord d'une ligne Bordeaux-Grenoble. S'ajoutent à ce facteur essentiel les effets d'abri aérologique qui deviennent évidents au-delà de l'axe Aubrac-Lévézou-Monts de Lacaune, un axe bien arrosé par les cortèges de perturbations atlantiques, alors que le Larzac en particulier ne reçoit que les "scories" de ces épisodes instables.
Voilà un printemps remarquable en raison d'une fréquence élevée des flux océaniques, essentiellement dans le quadrant SW, responsables de types de temps orageux, ponctués de quelques "gouttes froides" génératrices de "retour d'Est". Donc si les Grands Causses sont relativement épargnés par de sévères lignes orageuses qui impactent les trajectoires habituelles Aquitaine-Bourgogne, certains systèmes très instables cheminent le long du "balcon cévenol" ou sur l'axe Ségala-Lévézou, dont les débordements assurent des cumuls pluviométriques excédentaires sur le Sud-Aveyron. Ainsi se prolonge encore un renflouement des réserves hydriques, car les températures demeurent le plus souvent inférieures à 20° et limitent l'augmentation de l'évapotranspiration.
Dans la logique du changement climatique
L'impact du changement climatique se focalise se focalise essentiellement sur une hausse des températures pratiquement continue depuis 2019, associée à une pénurie chronique des précipitations. Il suffit par exemple d'observer l'évolution depuis "l'automne hivernal" 2023 sur l'ensemble du Sud-Aveyron pour se rendre compte de ce changement profond.
En s'appuyant sur le seuil de température moyenne quotidienne à 6°, limite thermique du développement de la plupart des végétaux en moyenne montagne, on s'aperçoit que ce seuil est dépassé de manière continue de plus en plus fréquemment durant le semestre froid, ce qui perturbe le cycle végétatif qui a besoin d'un temps de dormance suffisamment prolongé pour son déroulement optimal.
Pour une évaluation correcte de ce constat, la méthode suivante correspond à la réalité du terrain :
Cumul des températures moyennes supérieures et inférieures à 6° sur chaque intervalle de 5 jours (Dju Tx 6°).
Pour respecter la logique de l'évolution des températures saisonnières, l'observation se découpe en 3 périodes :
20/10-10/12 ambiance automnale ; 11/12-31/01 rigueur hivernale ; 01/02-20/03 hiver moribond.
Le tableau ci-dessus justifie bien le retard de la défoliation, les températures demeurant supérieures à 6° jusqu'en dernière décade de novembre. Ensuite le seul coup de froid hivernal assure une période minimale de dormance végétale, sinon le retour d'une trop grande douceur de fin janvier à mi-février déclenche le développement de certaines plantes herbacées. Un ralentissement s'opère tout de même durant deux décades avant une hausse sensible des températures en début de printemps, avec le risque d'un démarrage végétal trop précoce.
D'après l'expertise de Guillaume Séchet, un indicateur thermique basé sur 73 stations qui représentent la variabilité climatique régionale, l'hiver 2023-24 se classe au 3ème rang des hivers les plus doux depuis 1946, comme en témoigne le graphique ci-dessous
Bien sûr ressort l'anomalie de l'hiver 1963, une "relique du petit âge glaciaire", par opposition l'hiver 1975 se révèle exceptionnel dans une oscillation de relative fraîcheur. Demeure le souvenir de pelouses sèches en plein mois de février sur les pentes du Lioran, ambiance plus printanière même qu'en ce mois de février 2024 ! Par contre cette douceur devient récurrente à partir de 1988, un semblant de rémission 2009-2013, pour franchir un cran supplémentaire depuis 2016.
Cette évolution varie en fonction des caractéristiques climatiques régionales qui dépendent elles-mêmes de l'enchaînement des types de temps. Or dans le contexte d'une saison hivernale où prédomine la circulation zonale océanique, la région des Grands Causses se trouve davantage exposée aux flux de nord-ouest souvent associés au passage de dorsales atlantiques. En résultent des types de temps très nuageux et faiblement pluvieux, alternant avec le temps calme de la phase anticyclonique, flux de sud en altitude traduit par le vent du Midi toujours modéré, dorsales propices aux faibles gelées. Cette ambiance globale place cet hiver proche de la norme 1991-2020, c'est-à-dire une saison marquée par la perte progressive de sévérité, autant dans l'intensité du gel que dans la pénurie du manteau neigeux, notamment sur nos "châteaux d'eau" que sont le Lévézou et les Monts de Lacaune.
En couplant les mois cela permet un lissage des valeurs enregistrées et une meilleure évaluation de la progressivité thermique et pluviométrique. Le tableau ci-dessus révèle une accentuation du réchauffement climatique, plus évidente encore par rapport à la référence 1971-2000. Cette évolution affecte globalement l'ensemble des saisons, dans la continuité de la décennie 2010, prenant son caractère le plus agressif au coeur de l'été, même sur l'ensemble de la période chaude mai-octobre, avec une intensité exceptionnelle en 2022. Ces données synthétiques vont dans le sens de l'augmentation des vagues de chaleur dont l'impact est répertorié dans un autre article de cette rubrique. En outre s'associe à cette augmentation thermique un déficit chronique de la pluviométrie, de manière récurrente en saison hivernale, devenant sensible au printemps et encore davantage en automne, alors que la sécheresse estivale reste dans la norme du climat caussenard. Et cette pénurie des précipitations prend également un caractère exceptionnel en 2022, ce qui nous place dans les conditions d'un climat semi-aride d'après l'indice De Martonne qui retient le seuil de 30 dans sa classification. Or en 2022, I = 436mm/ (13.3°+10) = 18.7, donc une valeur inférieure au seuil fixé par le géographe. Bien sûr la situation s'améliore en 2023, mais la tendance enclenchée depuis 30 ans se dirige logiquement vers une aridité plus symptomatique.
Il ressort de ce tableau un déficit chronique de la pluviométrie associé à une constance des températures plus élevées que les références saisonnières. Cette pénurie hydrique atteint sa valeur minimale au coeur de l'hiver comme en témoignent ces 5 décades sans aucun cumul supérieur à 5 mm. En outre pratiquement pas de gelées sévères pour assurer une bonne dormance de la végétation.
Ce semestre chaud est surtout marqué par des pics de chaleur fréquents et en extension sur l'ensemble de la saison. A cela se conjugue une accentuation de la sécheresse estivale qui s'étend vers le printemps et même l'automne, une période où se remarque particulièrement l'absence d'épisode méditerranéen actif vers le Sud-Aveyron. Ainsi se dévoile une tendance vers la semi-aridité comme en témoignent les sévères étiages et le tarissement de certaines sources. La forte pluviométrie de fin juin ne modifie guère la tendance profonde quand on observe la longue succession de décades sèches de mai à fin août.
La situation présente une relative amélioration malgré la persistance d'une insuffisance pluviométrique pour augmenter le faible niveau des réserves hydriques. Néanmoins le coeur hivernal se révèle moins sec que l'année précédente et des pluies modérées tombent assez régulièrement au cours du printemps. Toutefois, même si quelques gelées sévissent sur de courtes périodes, on remarque surtout des phases de grande douceur en mars-avril, responsables d'une trop grande précocité du réveil végétal.
La constance du réchauffement climatique se confirme encore malgré une intensité moins forte qu'en 2022, notamment un été moins caniculaire. Par contre se révèle une accentuation de la chaleur vers l'arrière-saison, une conséquence de la plus grande fréquence des flux anticycloniques subtropicaux qui apportent de l'air chaud et sec responsable de fortes amplitudes thermiques. Bien sûr demeure toujours la trace de la variabilité inter-saisonnière, contraste saisissant opposant un printemps quasiment dans les normes et un début d'automne exceptionnellement chaud et sec. Ce n'est qu'en 3ème décade d'octobre que s'opère une nouvelle tendance lorsque s'établit une prédominance de la circulation zonale.
Le déficit pluviométrique tend à se réduire dans un contexte de circulation zonale plus affirmée. Cependant la région subit toujours l'atténuation des types de temps d'ouest et la recharge hydrique s'opère avec lenteur. La plupart des sources ne sont pas encore réalimentées quand les premières journées chaudes relancent déjà une importante évapotranspiration. Malgré une courte période froide en janvier, les températures restent globalement trop élevées sur une longue période février-avril, alors la précocité végétale ne résiste pas dans les vallées sous l'effet d'un gel pourtant modéré et bref en 3ème décade d'avril.
Ce tableau de synthèse montre que l'année agricole 2018-2019 ne présente pas une sécheresse aussi sévère que sur la plus grande partie de la France. Pourtant, septembre prolonge le profil d'un été 2018 particulièrement sec, mais les pluies méditerranéennes d'automne favorisent un réamorçage de la recharge hydrique. Néanmoins, la constante pénurie hivernale reprend ses droits jusqu'en mars. Heureusement, une pluviosité printanière correcte permet une atténuation des effets de la canicule fin juin. Ensuite, quelques averses ponctuelles tempèrent la sécheresse estivale coutumière. Donc la région se trouve épargnée par une sécheresse exceptionnelle sur de nombreux terroirs français.
Le tableau ci-dessus indique pour chaque mois, soit la prédominance océanique ( couleur bleue ), soit la prédominance méditerranéenne ( couleur verte ). Globalement, on relève un léger avantage de l'influence atlantique qui serait plus évident en considérant la durée totale des précipitations. Néanmoins, l'impact des pluies méditerranéennes s'avère remarquable, essentiellement en saison automnale, comme le montre la prépondérance d'octobre. L'intensité pluviale des épisodes issus du golfe du Lion se traduit par les plus forts cumuls mensuels, comme en novembre 2011, plus particulièrement septembre et novembre 2014. Toutefois, le caractère irrégulier de la "mousson méditerranéenne" justifie la faible fréquence des épisodes intenses sur la région, ce qui se concrétise par une large prédominance de la pluviométrie océanique sur les cumuls annuels. Seule l'année sèche 2017 laisse l'avantage à des apports méditerranéens peu consistants, sinon cette éventualité n'apparaît jamais sur l'espace caussenard, alors que l'escarpe cévenole subit de plein fouet le forçage orographique, dont l'impact déborde sensiblement sur le haut bassin-versant Dourdou-Sorgue.
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Le tableau ci-dessus permet d'observer les conséquences du réchauffement climatique sur la saison hivernale. Le choix se porte sur cette période essentielle qui caractérise l'évolution globale d'un climat de moyenne montagne. Effectivement, c'est le froid hivernal qui conditionne pour une large part le mode de vie des habitants sur les rudes plateaux caussenards. La rigueur des températures favorise généralement les types de temps neigeux, les paysages enneigés font partie du décor habituel avant la décennie 1980. Or cette époque semble révolue, divers témoignages sérieux l'évoquent avec un brin de nostalgie (voir les écrits de Martin de la Soudière). La synthèse des valeurs indiquées pour la station de Millau-Soulobres en fournissent une preuve.
L'analyse des températures maximales reflète bien cette disparition progressive d'un faciès climatique qui se rétracte vers les hautes terres du Massif Central. Seul l'hiver 2009-10 présente encore ce caractère habituel, comme en témoigne la valeur extrême des écarts inférieurs à 4°. Ensuite, ce sont les valeurs supérieures à ce seuil du froid, qui ne cessent d'augmenter. En 2012 notamment, malgré la vague de froid de février, l'ensemble de la saison est marqué par la douceur, devenant remarquable en mars. Voilà déjà les signes d'une circulation méridienne plus tenace, celle qui se traduit par des flux anticycloniques subtropicaux plus durables, alors que les coulées arctiques s'effilochent au fil des années.
C'est vraiment en 2013-14 que l'hiver montre ses véritables signes de faiblesse, avec ce minimum de froid qui devient une constante, à peine atténuée en 2017-18. A l'heure où s'éditent ces lignes, on s'achemine peut-être vers l'hiver le plus doux depuis le début des relevés météorologiques, en 1873 !
Le tableau ci-contre représente les contrastes thermiques enregistrés durant le printemps estival 2020 d'après les relevés de la station Millau-Soulobres. Ces valeurs correspondent à la somme des degrés-jours des températures minimales et maximales par rapport aux normales saisonnières. Ainsi se trouvent mis en évidence les contrastes bien marqués entre les premières chaleurs de mai, suivies d'une fraîcheur tenace en juin. Encore une fois, l'ambiance estivale de mai devient remarquable par sa précocité, néanmoins cette configuration anticyclonique favorise un courant de sud-ouest très actif sur l'Aquitaine. Son blocage orographique se traduit par l'abondance pluviale de la Montagne Noire aux Mts de Lacaune en 1ère quinzaine de juin, associée à la fraîcheur d'un vent de nord-ouest soutenu.
Augmentation du réchauffement climatique
Cette analyse synthétique est représentative des Avants-Causses et révèle l'impact du réchauffement climatique, pratiquement sans interruption de juin 2019 à mars 2021, comme le montrent les écarts des moyennes coloriés en rouge et bleu sur ces graphiques. Ce sont les maximales qui enregistrent en grande majorité les écarts positifs les plus élevés, probablement un indice d'un ensoleillement plus important. En outre les "pics" de réchauffement deviennent une constante en février et son intensité atteint sa plus forte valeur entre décembre 2019 et mai 2020. Les seules périodes marquées par des écarts négatifs atteignent de faibles valeurs sur des durées relativement courtes durant les mois concernés. Elles correspondent à une prédominance de flux océaniques du quadrant nord-ouest qui apportent quelques "coulées polaires" en janvier, des précipitations bienvenues au printemps, ce qui n'est pas le cas en 2020, puis un début de remplissage des réserves hydriques en octobre ou novembre. En suivant la continuité de ce profil, se décèle un répit le long de cette augmentation thermique entre avril et novembre 2021, sans aucune inversion de tendance tout de même puisque sont relevées des phases de forte chaleur, de manière précoce en juin 2021 et tardivement en septembre 2021.
Un marqueur sensible du réchauffement climatique : l'Aigoual en hiver
L'évolution des maxima en saison hivernale se révèle un des meilleurs critères d'évaluation du réchauffement climatique, notamment sur l'Aigoual dont l'altitude correspond au niveau fondamental de 850 hPa pour identifier le cheminement des masses d'air.
Ce graphique traduit bien le changement incontestable au début des années 1990, une période marquée par une forte augmentation des moyennes maximales par rapport à la référence 1981-2010, elle-même influencée par le réchauffement global. Le phénomène devient encore plus remarquable comparé à une moyenne 1901-1980 où les hivers se déroulaient selon une froidure beaucoup plus fréquente, surtout pendant l'intervalle 1941-1970. Néanmoins cette évolution se déroule sur fond de constance de la variabilité naturelle du climat.
Inventaire des épisodes méditerranéens depuis 2019
L'impact de ces aléas météorologiques sur l'environnement caussenard doit faire l'objet d'un suivi particulier, en fonction du réchauffement climatique. Un recul de 50 ans sur l'inventaire de ces types de temps laisse apparaître une augmentation de 20% environ des épisodes les plus intenses, ceux qui dépassent les cumuls de 200 mm en moins de 10 heures, soit des intensités horaires s'approchant du seuil fatidique de 30 mm/h. Ce sont les événements remarquables qui se traduisent par un accroissement sensible de la vulnérabilité en raison d'une trop forte densité de constructions sur le "chemin" des écoulements torrentiels.
En fonction de la référence établie dans la région depuis l'épisode historique du 28 novembre 2014, il s'avère nécessaire de procéder à une analyse comparative des épisodes qui affectent l'ensemble de l'arc méditerranéen septentrional, de la Catalogne à la Lombardie, et de constater leur impact sur les Grands Causses selon deux périodes, d'abord la tendance automnale, du 20 août au 20 décembre, sujette à l'instabilité orageuse la plus probable, puis le reste de l'année, marqué par un 2ème pic printanier, entre mars et juin.
Episode 22 - 23 octobre 2019
Un système dynamique adopte la trajectoire Béziers-Sud-Aveyron, la plus sensible pour la réactivité des cours d'eau sur le bassin-versant Sorgues-Dourdou. Effectivement , le seuil des 200 mm/24h est dépassé sur les crêtes des Monts d'Orb, le cumul des 100 mm encadre tout le périmètre du bassin-versant jusqu'à St Affrique. La convection profonde permet l'organisation de lignes orageuses très actives, donc des phases rapprochées d'intensité pluviale au seuil des 30 mm/h provoquent le développement de crues rapides sur les deux cours d'eau principaux. Par exemple, le pic de crue de la Sorgue à St Félix est de 4,89 m, les 3/4 des150 -200 mm enregistrés en amont de ce point stratégique se déversent en moins de 12 heures. Le Dourdou atteint la cote de 5,24 m après la confluence de Vabres-l'Abbaye, alors que la Sorgue est déjà en décrue. C'est la 3ème position pour St Félix depuis les 6,70 m de 2014 et 6,20 m de 1992. (voir rubrique "événements")
Episode 22 - 23 novembre 2019
Encore un système virulent qui s'exacerbe le long de l'escarpe cévenole, puis devient meurtrier près des reliefs de la Côte d'Azur. Notre région se situe en marge de l'épicentre marqué par la convection profonde. Même si le cumul pluviométrique atteint les 150 mm sur le rebord du Larzac, seuls les hauts bassins-versants du Tarn et du Lot réagissent sensiblement suite aux cumuls supérieurs aux 250 mm de l'Aigoual au Mont-Lozère. Néanmoins, la dynamique d'altitude permet le développement d'un système en "V" dont le "panache" s'étale de l'Espinouse au Lévézou, donnant quelques salves orageuses brèves et torrentielles, mais de stationnarité inférieure à 2 heures. Le paroxysme de cet épisode se retrouve donc vers la Côte d'Azur.
Episode du 1er décembre 2019
Une zone dépressionnaire bloquée au sud de l'anticyclone européen génère un rapide flux convergent à l'Est du Rhône. La forte convection suscite le développements de foyers orageux brefs et sévères. Les intensités horaires de 50 mm/h localisées sur des secteurs assez réduits engendrent des crues-éclairs sur des bassins-versants en fortes pentes, des ruisseaux anodins inondent des zones d'habitations, de la Drôme au Lubéron, se décalant jusqu'aux Alpes Maritimes. Les lames d'eau s'échelonnent de 70 à 140 mm en quelques heures. La région des Grands Causses ne subit que des averses modérées sous un "vent du Midi" relativement inoffensif.
Episode du 21-23 janvier 2020
Une goutte froide s'isole dans le périmètre classique des Baléares, ce qui permet l'organisation d'un système pluvio-orageux axé sur le golfe du Lion. L'intensité horaire s'élève jusqu'au seuil des 30 mm/h sur les reliefs cévenols, ainsi les cumuls dépassent ponctuellement les 400 mm en 48 heures, mais on est loin de la sévérité orageuse au seuil des 50 mm/h. L'épisode touche modérément le Sud-Aveyron, débutant par des chutes de neige au-dessus de 600 mètres, du Larzac aux Monts de Lacaune, relayées rapidement par des pluies intermittentes assez fortes. Les quantités atteignent les 100 mm sur les crêtes héraultaises, ce qui entraîne une réaction modérée sur les hauts bassins-versants, Tarn, Dourbie, Sorgue, Dourdou.
Episode du 19-22 avril 2020
L'anticyclone européen assure un blocage tenace du courant océanique, ce qui favorise une cyclogenèse méditerranéenne étendue des Baléares à la Sardaigne. Ainsi s'établit un flux d'Est remarquable par sa durée, concrétisé par des cumuls pluviométriques affichant une croissance de 100 à 300 mm, de l'Ouest languedocien au Roussillon. Les pluies continues atteignent à peine 10-20 mm/h ponctuellement, car la convection orageuse demeure faible dans une masse d'air saturée d'humidité sur toute sa hauteur. L'épisode effleure seulement les Grands Causses, le haut bassin-versant Sorgue-Dourdou absorbant rapidement une lame d'eau de 40-50 mm. En réalité, cette phase météorologique passe inaperçue dans la région, dans un contexte de sécheresse et températures particulièrement élevées, la persistance anticyclonique assurant un bien-être printanier, frustration renforcée en période de confinement sanitaire !
Episode du 12 juin 2020
Voici un événement exceptionnel , non par son intensité absolue, mais pour cette période de l'année, comparable à celui de juin 2010 dans le Var. La puissance du courant d'altitude est en partie responsable d'une forte convergence en basses couches dans l'axe cévenol, favorisant la convection profonde et donc le développement de foyers orageux très sévères, amplifiés par le forçage orographique. Cela se concrétise par des cumuls pluviaux remarquables, dont les 460 mm en moins de 24 heures au pied du Mont-Lozère, l'isohyète 300 mm englobant l'aire sommitale cévenole au-dessus de 1200 mètres d'altitude. Du côté des Grands Causses, la virulence du phénomène demeure à un degré moins spectaculaire, le relief n'est pas assez hardi pour "booster" davantage l'activité orageuse qui s'étend jusqu'au Ruthénois, mais avec une certaine modération. Preuve en est la faible réactivité sur le bassin-versant Sorgue-Dourdou, suite aux 100-150 mm déversés sur cette zone, alors que l'amont du Tarn enregistre un niveau de crue comparable à celui de novembre 2019, sans vulnérabilité particulière. ( voir rubrique "événements")
Episode du 19 septembre 2020
Une goutte froide positionnée au fond du golfe de Gascogne pilote un puissant flux de Sud très instable sur toute l'épaisseur de la masse d'air énormément chargée d'humidité. Voilà tous les ingrédients responsables de la très grande sévérité du système orageux quasiment stationnaire durant 7 heures, classé R5++ sur l'échelle "Keraunos". L'épicentre se focalise sur le haut bassin-versant de l'Hérault, avec une lame d'eau de 718 mm en 24 h, dont 360 en 3h, rappelant le record historique du 29 septembre 1900 sur cette zone cévenole (voir rubrique "événements"). En résultent des crues-éclairs très dommageables sur l'ensemble du réseau hydrographique, jusqu'au Gardon d'Anduze. L'image-radar ci-contre montre bien que la région des Grands Causses se trouve une nouvelle fois épargnée par ce genre d'aléa paroxysmique.
Episode du 2 octobre 2020
Un vigoureux front froid lié à la tempête "Alex" provoque une forte "aspiration méditerranéenne", prise dans une convergence axée sur les Alpes Maritimes. La forte convection associée au forçage orographique se traduit par une grande sévérité orageuse. La photo-satellite ci-contre donne une idée de la puissance torrentielle développée sur ce secteur de haute montagne. Le cumul pluviométrique atteint 200-350 mm en 12h sur un périmètre dont l'épicentre concerne le massif du Mercantour, étendu jusqu'au Piémont italien et en Ligurie. On enregistre le record historique de 500 mm en 24h à St Martin-de-Vésubie, dont 218 en 6h, et les 600 mm sont dépassés au-dessus de Vintimille. La virulence de l'aléa est inférieure à celle de l'épisode cévenol précédent, mais la topographie de couloir montagnard accroît la vitesse torrentielle, se traduisant par la masse de sédiments étalés en mer. Bien sûr, voilà un événement qui montre encore une fois le privilège de notre région face aux épisodes méditerranéens.
Episode 14-15 septembre 2021
Un système orageux de méso-échelle voit son épicentre se localiser au sud-ouest de Nîmes. Météo-France enregistre un record de 275 mm en 4h00 sur la commune de Saint-Dionisy. Cette sévère activité orageuse stationnaire provoque une forte crue du Vistre. Encore un exemple d'épisode très intense sur une superficie réduite. La région des Grands Causses n'est concernée que sur sa bordure cévenole et de façon relativement modérée.
Episode 11-13 mars 2022
Le blocage anticyclonique européen favorise un épisode remarquable par sa durée sur une trajectoire qui cible le haut bassin-versant Sorgue-Dourdou. Ce style d'épisode remarquable en début de printemps compense en partie le déficit hydrique hivernal. En outre la réactivité des cours d'eau demeure modérée car les précipitations abondantes se limitent sur les crêtes du Sud-Aveyron et l'intensité horaire modérée assure un coefficient d'écoulement relativement faible sur des sols non saturés. (voir rubrique "événements")
Episode 15-16 septembre 2023
Une goutte froide s'isole sur la péninsule ibérique au niveau 500 hPa et entre en phase avec un jet de basses couches qui converge vers une trajectoire biterroise. Forçage convectif et forçage orographique s'additionnent pour développer une configuration favorable aux lignes orageuses stationnaires. Effectivement durant la nuit et la matinée les hauts bassins-versants de l'Orb et de la Lergue sont frappés par des salves orageuses sévères. Le paroxysme se déroule dans un "système en V" pendant 5 heures environ sur une superficie relativement limitée, dont l'épicentre s'étend de l'Escandorgue au Pas de l'Escalette.
L'image-radar montre bien l'axe orageux qui longe les crêtes héraultaises, ce qui explique l'interruption radicale du phénomène vers l'intérieur des Grands Causses. Alors que sont enregistrés plus de 530 mm à Roqueredonde sur un site "infoclimat" et 423 mm en 12 heures aux Plans sur un poste de Météo-France (record départemental sur ce laps de temps), on ne relève que quelques ondées sporadiques sur le bassin-versant Sorgue-Dourdou. De plus une nouvelle ligne d'orages stationnaires impacte le secteur de Saint-Martin-de-Londres, au pic de Pic St Loup dans l'après-midi du 16/09, axé vers la Gardonnenque, sévère également mais sans atteindre l'ampleur d'un "système en V".
2022 : année la plus chaude des relevés météorologiques
Ce tableau met en évidence l'accentuation du réchauffement climatique tout au long de l'année 2022, comme le montre cette droite ascendante où l'écart positif inférieur à 5° en janvier passe à plus de 6° début janvier 2023. Cette évolution est corroborée par un écart moyen de +1.84° sur l'année, matérialisé par la ligne pointillée verte, nettement supérieur à ceux de 2019 et 2020, respectivement +1.1° et +1.5°. Déjà fin février on observe un "pic" avoisinant les 7°. L'excédent thermique se prolonge tout l'hiver sans aucun coup de froid jusqu'à de sévères gelées tardives début avril suivies d'un nouveau "pic" positif vers la fin de ce mois. Ensuite la chaleur ne cesse de devenir plus intense et surtout plus précoce, notamment fin mai et juin avec des écarts proches de +10°, tandis que les vagues de chaleur de juillet et août se traduisent par des "pics" à +7° ou +8° dans un contexte excédentaire continu à peine interrompu en 1ère quinzaine de juillet. La chaleur se poursuit encore intensément en septembre, puis un court intermède de fraîcheur à la fin de ce mois avant octobre le plus chaud jamais enregistré. Après une douceur inhabituelle jusqu'à mi-novembre, l'hiver daigne se manifester en 1ère quinzaine de décembre, mais la tendance générale reprend ses droits durant la période de Noël et la 1ère décade de janvier 2023. L'ambiance hivernale se retrouve à nouveau sous forme neigeuse en 2ème quinzaine de ce coeur saisonnier, donnant un décor quelque peu oublié sur nos plateaux caussenards.